Paroles de Bébé(s)... et plus si affinités !

Maman Chérie a de la chance. Elle travaille sur un site internet.

Ça veut dire qu’elle peut travailler de presque n’importe où, du moment qu’elle a une connexion internet. Ça veut dire qu’elle peut travailler de la maison quand on a un rendez-vous important et qu'elle doit aménager ses heures. Ça veut dire aussi qu’elle peut travailler de la maison quand il y a personne pour me garder… Pas la peine de prendre une baby-sitter ou de poser un jour de RTT, non, elle va juste me surveiller en train de jouer pendant qu’elle tape ses articles.

Mouarfff ! Qu’elle est drôle ma Maman Chérie des fois !

Dès que je me suis réveillé et que j’ai vu que c’était elle qui venait me lever, et pas Papa Poule comme d’habitude, j’ai senti que cette journée allait être pas comme les autres. Je me suis trémoussé dans mon lit jusqu’à ce qu’elle me branche la musique et que je puisse me dandiner sur les airs entraînants de Pirouette Cacahouète et autres Pomme de Reinette et Pomme d’Api…

Je m’attendais à ce qu’elle entre dans le jeu, comme les samedi, quand on est tous seuls tous les deux pendant que Papa Poule est au travail. Mais rien du tout. Elle a passé son temps à partir en douce dans le bureau.

Et ça a été comme ça toute la matinée : chaque fois que je lançais un jeu pour qu’on s’amuse tous les deux, elle tournait les talons. Comme si je voyais pas son petit manège !

Alors j’ai décidé de pas me laisser faire. Je suis allé me planter sous sa chaise, avec tous mes jouets. Enfin tous ceux qui font du bruit. Et je les ai déclenchés en lui faisant mon plus beau sourire.

Au lieu de me gronder et de me proposer de lire une histoire, comme elle fait d’habitude quand elle voit que je fais trop de bruit, elle m’a tapoté sur la tête et m’a fait un sourire un peu forcé. Ça m’a vexé. Je me suis mis à chouinier en tirant sur son pantalon.

Puis carrément à hurler en essayant de grimper sur ses genoux. Elle a eu l’air agacée. Elle m’a pris sur ses genoux et m’a posé devant l’ordinateur, avec elle. « Tiens, tu aides maman à travailler ? »

Je me suis pas fait prier ! J’ai commencé à essayer de taper sur les touches du clavier, comme elle. Mais elle retenait toujours mes mains. Comme si je pouvais l’aider si elle m’empêche de toucher son clavier !

Alors, j’ai feinté ! J’ai profité d’un moment où elle était concentrée pour passer sous son bras et mettre ma main bien à plat sur plusieurs touches. L’écran s’est retourné tout d’un coup et Maman Chérie, la tête penchée sur le côté, a tout essayé pour le remettre d’aplomb. Rien à faire.

J’ai senti que j’avais du faire une bêtise quand elle a étouffé un « Pu… » dans ses lèvres. J’ai beau être un bébé, je sais que c’est un gros mot qu’on a pas le droit de prononcer quand je suis dans la pièce. D’habitude, elle fait très attention à ça, Maman Chérie, et elle gronde Papa Poule quand il parle comme ça.

Alors, là, je savais qu’elle était pas contente. Je lui fait un grand sourire et j’ai posé ma tête sur son épaule, pour me faire pardonner.

Elle a tout éteint et m’a proposé d’aller manger. Après, je pensais qu’on allait jouer, mais elle a insisté pour que j’aille me coucher. Comme je voulais pas, j’ai pleuré. Pleuré comme jamais, juste parce qu’elle insistait.

Du coup, comme j’avais pas fait de sieste, j’ai été encore plus insupportable l’après-midi. Et elle a encore moins pu travailler….

Bref, à la fin de la journée, elle était au moins sûre d’une chose, Maman Chérie : télétravailler avec Bébé, c’est juste une utopie !