Il y a des événements dont on sait d'emblée qu'ils vont changer notre vie. Et surtout notre façon de voir la vie. Le confinement a incontestablement été de ceux-là...
Mais le tsunami que j'avais anticipé le jour de l'annonce la fermeture des écoles puis du confinement total n'avait rien à voir avec celui qui s'est produit... J'avais imaginé le tsunami émotionnel de passer 24h sur 24 avec les garçons, le tsunami organisationnel de devoir gérer télétravail, école à la maison, tenue de la maison et occupation des enfants, le tsunami relationnel de ne voir personne.
Mais pas le tsunami fusionnel qui s'est emparé de moi.
Moi, l'indépendante qui crie haut et fort que j'ai besoin de mon travail pour m'épanouir. De voir du monde. De discuter. D'échanger.
Moi, la fière, qui refuse de dépendre financièrement de qui que ce soit d'autre que moi.
Moi, qui fais ma maligne en assénant à qui veut l'entendre que "les enfants, c'est bien. Mais à petite dose!"
D'un coup d'un seul je me suis retrouvée propulsée dans la vie d'une femme au foyer accomplie, trouvant son bonheur dans les pizzas à pétrir, le pain à faire lever et les plantes à faire pousser.
Loin de moi l'idée de tomber dans la caricature. Mais avec le confinement, j'ai enfin trouvé le temps de prendre mon temps. De profiter de mes enfants.
Ce cocon qu'on s'est créé, rien que nous, a été le plus doux des refuges et là où tout le monde criait sa hâte de reprendre une vie normale, je ne rêvais, en secret, que de la poursuite de ce confinement....
Ne plus avoir d'horaire à leur faire respecter. Ne plus les faire presser, tout le temps. Juste savourer chaque instant et organiser nos journées comme on l'entend. Un lever à 5h pour écrire mes articles avant leur réveil. Un petit déjeuner en famille. Des devoirs au salon. La poursuite de mon travail pendant qu'ils jouent tous les deux... Des disputes, des réunions interrompus par des cris, des repas avalés en vitesse aussi... Mais ça fait partie du jeu !
Ce confinement les a définitivement rapprochés. Petit Curieux et Gand Bavard ont passé des heures et des heures à jouer ensembles. Aux Playmobils, aux Legos, aux Kapla et j'en passe. Ils se sont inventés des milliers d'histoires dont ils étaient les héros. Ils se sont tapés dessus aussi et dit des choses affreuses. Mais leur complicité a réellement grandi et ils ont appris beaucoup de choses ensemble.
L'annonce de la levée du confinement a sonné comme la fin d'une belle parenthèse enchantée pour moi. Parenthèse qu'on a prolongée jusqu'au bout, en choisissant de ne pas remettre les enfants à l'école en mai. En traînant encore après le 22 juin.
Mais on est finalement rattrapés par la réalité. Le télétravail n'est plus que l'exception. Il me faut reprendre le chemin du travail en même temps que les enfants celui de l'école...
Et moi, j'ai envie de me cacher. De me blottir sous ma couette et de ne pas me laisser rattraper par cette réalité dans laquelle je ne suis pas sûre de me reconnaître encore. Laissez-moi profiter de mes enfants qui grandissent beaucoup trop vite.
Laissez-moi savourer ces instants volés. Laissez-moi organiser nos journées loin de ce rythme effréné !
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