Paroles de Bébé(s)... et plus si affinités !

Cette fois, j’en suis sûr. Mes parents sont fous. Fous à lier ! J’en ai eu la preuve ce week-end. Ça faisait un petit moment que je les trouvais bizarres, à acheter des nounours en plastique, des dragées de toutes les couleurs, des assiettes carrées, rondes et rectangulaires. A me traîner rencontrer des grands monsieurs barbus, me faire essayer plein de vêtements blancs et mesurer mon tour de cou.

Mais dimanche dernier, ils ont carrément dépassé les bornes. Ça a commencé dès le matin : dès qu’elle m’a habillé, Maman Chérie m’a collé un bavoir autour du cou (alors que tout le monde sait très bien qu’à 10 heures, c’est pas l’heures de manger) et une grande serviette sur les genoux.

Elle m’a posé dans le canapé avec mes jouets et m’a ordonné de pas bouger. En même temps, j’ai six mois, hein, Maman, alors je risque pas de partir bien loin ! Mais elle semblait l’avoir oublié ! Elle courait partout dans le salon, une chaussure à la main, son tube de mascara dans l’autre, des papiers coincés entre les lèvres. Elle faisait des grands gestes dans tous les sens et arrêtait pas de crier sur Papa Poule pour qu’il se prépare plus vite, mette des papiers dans son sac, sorte ma poussette, range mon biberon… Elle voulait tellement de choses en même temps qu’il y comprenait plus rien le pauvre !

Et puis, on est partis. Papa Poule, Maman Chérie et moi dans une voiture, Papi Clown, Mamie Petits-Plats, Tata Câlins et Tonton Cool dans l’autre. On a roulé jusqu’à une grosse maison en pierres, où il faisait super froid. Plein de gens nous ont rejoints là-bas. Faut dire qu’il pleuvait dehors. Alors, je suppose qu’ils venaient se mettre à l’abri. En même temps, ils avaient l’air de me connaître : ils sont tous venus me faire des bisous et me pincer la joue….

Et puis, on s’est assis. Et là, c’est devenu très bizarre. Le monsieur en robe blanche (on lui a jamais dit que les garçons, ça met des pantalons ? J’avais un peu de peine pour lui quand même. Les autres doivent se moquer de lui !) a commencé à me dire qu’il était très content de me voir et de m’accueillir dans sa grande maison. J’ai voulu être gentil, je me suis mis à lui tirer la langue et faire des bulles avec ma bouche. Ça a fait rire tout le monde, mais Papa Poule m’a collé ma tétine dans la bouche pour que j’arrête.

Après, ils ont dit plein de choses et lu plein de jolis textes, comme un truc du Petit Prince. Des histoires pour les grands, je pense. Je croyais que c’était peut-être l’heure du dodo.

Mais non. C’était l’heure du bain. Enfin presque. Le grand monsieur m’a versé plein d’eau sur la tête. J’ai pas trop compris parce que c’était le matin. Alors que le bain, c’est le soir, hein, on est tous d’accord ?! Mais il a eu l’air content. Et Papa Poule et Maman Chérie aussi.

Tata Câlin m’a essuyé la tête et m’a enroulé dans une grande couverture blanche. J’ai pas osé râler. Ça avait l’air important pour elle, mais il faisait au moins 50° là-dessous !

En tout cas, tout le monde avait l’air très fier de moi. Ils ont pas arrêté de venir féliciter Papa Poule et Maman Chérie, qui rougissaient de plaisir.

Et ça a continué comme ça toute la journée. Dans le jardin (on était à la maison de campagne de Papi Clown et Mamie Petits-Plats), à table, tout le monde y est allé de son compliment en me caressant la tête.

Je sais que je suis un bébé absolument parfait…mais vous êtes qui ?! Je comprends pas pourquoi tous ces gens se sont assis dans le salon qui s’était transformé en restaurant géant. Pourquoi on m’a donné plein de cadeaux, accroché un collier autour du cou (c’est pas pour les filles, normalement ?!) et mis un bracelet au poignet. Pourquoi j’ai fait ma sieste dans une belle chemise blanche et mangé avec un bavoir qui me recouvrait presque jusqu’aux pieds. Pourquoi ils ont enfermé un bébé dans un gâteau avant de le découper. Ni pourquoi j’ai eu le droit de lécher un doigt recouvert de crème à la vanille.

Mais en même temps, je crois que je me pose trop de questions.

Hier, quand on est rentrés à la maison, j’ai entendu Maman Chérie dire à Papa Poule que ça avait été une journée parfaite et qu’elle était très émue de cette nouvelle étape dans ma vie. Alors après tout, même s’ils sont fous, du moment qu’ils sont contents, c’est le plus important !