[Maman Chérie]
L’éducation positive, la bienveillance, la parentalité positive, l’éducation non violente, ce sont des notions que j’ai découvertes au fil du temps depuis la naissance de Grand Bavard. J’avoue que jusque-là, je ne m’étais pas trop posé de questions : pour faire obéir un enfant, on impose, on punit si besoin et le tour est joué. Mais en devenant maman, pas mal de mes principes ont été mis à mal et je me suis rendu compte qu’éduquer un enfant en criant et punissant sans cesse n’est pas non plus la solution. L’idée d’une éducation positive a donc fait son chemin chez nous.
Au moins dans l’absolu. Parce que j’avoue que dans les faits, on n’y est pas encore tout à fait à cette harmonie parfaite dans l’éducation bienveillante.
Hier soir, je me suis vue au milieu du salon, les cheveux en bataille, plus vraiment maquillée après ma journée de travail mais pas encore démaquillée pour de vrai, à moitié en pyjama, mais pas encore complètement parce que j’avais dû m’interrompre pour m’interposer dans une lutte sans merci pour déterminer qui avait le droit de jouer avec la toupie Lego verte, en train de hurler un ultimatum aux garçons : « Si vous n’êtes pas en train de vous brosser les dents dans les 5 secondes qui arrivent, vous allez tous les deux vous coucher sans histoire ni câlin ! C’est la dernière fois que je le dis ! »
La cavalcade qui a suivi jusqu’au lavabo m’avait presque conforté dans l’idée que j’avais adopté la bonne stratégie en les menaçant mais le fou rire qui a suivi, ponctué de bruits de crachats et d’un « Je vais tout dire à mamaaaaaaaaaaaaaaan ! » m’ont vite fait déchantée. En les retrouvant tous les deux, les T-shirts trempés, tentant de m’expliquer que « c’est lui qui a commencé à cracher son dentifrice sur moi, c’est pour ça que je lui ai renversé mon verre dessus », j’ai senti que je craquais : « Mais qu’est-ce que vous cherchez ?! Vous ne pouvez pas vous arrêter juste 5 minutes ! »
J’ai hurlé. Littéralement. Évidemment, ce sont des enfants. Ce n’est que de l’eau. C’est juste pour s’amuser.
Mais après une journée de travail, j’avoue que je rêvais d’un début de soirée tranquille, avec un repas où tout le monde serait resté assis à se raconter ce qu’il avait fait, suivi d’un jeu de société dans le calme ou même d’un dessin animé en famille. Au lieu de ça, ça n’a été que hurlements, cris, pleurs et menaces…
Et c’est bien moi la principale fautive, j’en suis bien consciente. Eux aussi ont eu une journée chargée chez la nounou et ont besoin d’évacuer en rentrant. Mais je n’arrive pas à leur laisser ce sas de décompression. Je veux qu’ils obéissent tout de suite. Je menace et m’énerve trop vite. Je crie tout le temps. Au final, le résultat est là : tout le monde est tendu et je n’admets aucun dérapage. Et plus je leur impose de limite, plus ils cherchent à les dépasser…
Quand j’ai claqué la porte de ma chambre, excédée par cette énième bêtise à la salle de bains, je les ai entendus chuchoter entre eux « Elle est vraiment méchante, maman. On lui dira plus jamais Je t’aime et on lira nos histoires sans elle ». Et je me suis dit qu’une nouvelle fois, j’avais tout raté.
J’étais en train de pleurer doucement quand la porte s’est ouverte. Leurs deux petites bouilles sont apparues et Petit Curieux, poussé dans le dos par son frère, a lancé un vague « pardon d’avoir été méchant ». Le grand a enchaîné : « On a été trop bêtes comme d’habitude. On fait vraiment que des bêtises, tout le temps ! »
En une seconde, j’ai réalisé que c’était ça l’image que je leur renvoyais d’eux-mêmes : des enfants qui ne font que des bêtises et qu’on gronde en permanence. Et je me suis dit qu’il fallait que ça change. Vraiment. Pour de bon. On va dire que c’est ma résolution ?
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