Ça y est, on est ENFIN rentrés à Lyon. A la maison. Loin de la noirceur, de la crasse et de la puanteur. Loin de la pauvreté qui suinte à Sainté.
Maintenant, il va falloir laver mes jouets de toute la suie qui les recouvre. Décrasser mes doudous. Oublier toute cette misère que j’ai côtoyée pendant une semaine. Evidemment, il a fallu abandonner à nouveau Papi Clown et Mamie Petits Plats là-bas. Ça a pas été facile.
Mais c’est leur choix. Ils ont décidé, il y a bien longtemps, de vivre dans cet environnement là. D’ailleurs, c’est là-bas que Maman Chérie et Tata Câlins ont grandi. On dirait pas quand on voit comme elles s’en sont bien sorties…
Et pourtant, si ! Elles ont passé des années dans cette misère, respiré cet air poisseux, vécu dans ces immeubles dont « les façades sont comme couvertes de suie ». C’est pas moi qui le dis, hein, c’est le journal Le Monde. Alors si un grand journal comme ça écrit que Saint-Etienne est une ville dont « les immeubles délabrés donnent le bourdon », et qui « semble être restée la capitale des taudis » c’est que c’est vrai.
Bienvenue au pays des pauvres et des miséreux !
Dire que Maman Chérie m’a obligé à passer Noël là-bas…
J’ai découvert des paquets cadeaux tout noir du charbon et de la suie qui ont recouvert les mains du Père Noël et ses habits quand ils ont survolé Sainté.
J’ai appris à brûler des babets pour me réchauffer.
J’ai dû passer des journées entières dans cet univers poisseux.
J’ai été contraint de plonger dans une misère à laquelle je suis pas habitué, moi, le bébé des beaux quartiers lyonnais…
J’ai même dû monter dans un manège minable, à peine éclairé, avec vue sur les crassiers (si tu sais pas ce que c’est, c’est que t’es pas de Sainté, Beauseigne !)
Bref, tu l’auras compris, j’ai passé une semaine effroyable à Armeville, cette ville aux sept collines, qui est en train de mourir à petit feu, encrassée dans cette misère….
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