Paroles de Bébé(s)... et plus si affinités !

Ah si seulement, j'étais grand ! Tous les jours, j'imagine ce que je pourrais faire si j'étais grand comme Papa Poule et Maman Chérie. Je pourrais me coucher tard le soir. Je pourrais boire du vin de grand. Je pourrais regarder des films avant d'aller au dodo.

Mais surtout si j'étais grand, je pourrais voter.

Parce que oui, si j'étais grand, hier, j'aurais voté. J'en ai entendu des grands, pourtant, qui disent que ça sert à rien d'aller voter, que tout le monde est pourri et que la politique, c'est que de la manipulation. Je sais pas trop ce qu'ils veulent dire. Mais je comprends pas qu'ils puissent avoir le droit de choisir et qu'ils préfèrent le refuser... pour ensuite pleurer !

Un peu comme si, quand Maman Chérie me demande si je veux un gros pull à col roulé ou un sweat, je décidais de hausser les épaules, en disant que de toute manière, c'est tout pareil et qu'après, je pleurais parce que le pull tout moche me gratte !

Franchement, si tu as le droit de dire ce que tu veux, ou au moins ce que tu veux pas, tu le prends. Tu te bouges les fesses pour pas avoir à dire après " Mais je savais pas que c'est ça qui allait arriver ! "

Je dis pas que j'aurais su mieux que les autres pour qui voter. J'ai bien vu que jusqu'au dernier moment, Papa Poule et Maman Chérie ont hésité entre leurs convictions et un vote utile. J'ai bien vu qu'ils avaient discuté longtemps sur ce qui était le plus important pour eux. Je les ai bien entendus parler solidarité, partage et éducation. Je les ai vus se disputer aussi, parce qu'ils étaient pas entièrement d'accord.

Mais je les ai vus partir tous les deux, avec Petit Curieux entre eux, pour aller voter. Voter pour nous. Pour notre avenir. Pour le monde qu'ils voulaient nous laisser.

Ils ont oublié de voter utile. Ils ont oublié que des fois, suivre ses convictions, c'est avoir de grosses désillusions.

Et pourtant, hier soir, quand je les ai vus pâlir en entendant les résultats, Maman Chérie m'a dit qu'il fallait toujours rester fidèle à ses convictions.

Alors oui, hier, si j'étais grand, j'aurais voté. Et j'aurais peut-être pas eu à voir Maman Chérie pleurer.